Télécharger le fichier PDF Happycratie - Comment l'industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, by Eva Illouz Edgar Cabanas
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Happycratie - Comment l'industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, by Eva Illouz Edgar Cabanas
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Détails sur le produit
Broché: 300 pages
Editeur : Premier Parallèle (23 août 2018)
Langue : Français
ISBN-13: 979-1094841761
ASIN: B07C5P8QDJ
Dimensions du produit:
14,7 x 2,3 x 22,2 cm
Moyenne des commentaires client :
3.4 étoiles sur 5
22 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
38.954 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)
Il s’agit d’un livre allègre et bien écrit par des sociologues qui ont pris pour cible la psychologie positive. La thèse centrale est que la psychologie positive n’est qu’une idéologie creuse en phase avec le néo libéralisme. La cible principale est Martin Seligman, ce qui aboutit à négliger (entre autres) Carole Ryff et ses travaux sur les bien être eudémoniste (lié aux actions positives). Les auteurs confondent le mouvement de l’estime de soi avec la psychologie positive alors que Seligman en a fait la critique, en soulignant l’importance des actions altruistes. L’autre cible est l’ouvrage de Sir Richard Layard (parlementaire travailliste) et David Clark (psychologue) : « Thrive, the power of psychological therapy » qui a proposé de n’utiliser que les thérapies fondées sur des preuves pour le bien être des citoyens britanniques. Il est plus facile d’écrire un livre de sociologie critique dans un fauteuil, que de travailler sur le terrain de la détresse. Ceux qui le font quotidiennement savent qu’aider à développer des pensées, des émotions et des actions positives avec les méthodes de thérapie cognitive et comportementales (bien validées scientifiquement) qui sont à la base de la pratique de la psychologie positive aident les personnes en difficulté. Si la critique du messianisme de Seligman et de la récupération de la psychologie positive par les GAFAM sonne juste, l’analyse superficielle des travaux neuroscientifiques, des recherches évaluatives et de l’utilité pratique de la psychologie positive tourne court. Quant à la récupération de la psychologie par le pouvoir en place elle est de tous les temps. Il suffit de mentionner la psychanalyse aryanisée par le neveu de Goering sous le troisième Reich ou la méthode Coué qui dans les années 1920 a vivement intéressé Wall Street, mais aussi Staline qui voulait remonter les moral des masses au paradis des travailleurs.
Enfin ! Un livre facile à lire mais rigoureux, précis et documenté sur les ravages de la psychologie positive et la tyrannie du bonheur que nous impose l'époque. L’idée de bonheur, déconnectée par le développement personnel de toute vertu morale, apparaît comme le cache-sexe d’une idéologie ultralibérale qui n’a qu’un objectif : la productivité et la performance. Vous êtes déprimé ? Soyez positif! Vous êtes malheureux au travail ! Méditez ! La société vous laisse sur le bas-côté de la route? Quel looser vous faites!C’est un livre d’autant plus nécessaire qu’il n’est pas déprimant : on est d’autant plus heureux qu’on n’est pas obligés de l’être. Ca manquait, Eva Illouz et Edgar Cabanas l’ont fait. Ouf.
Les auteurs ignorent que les hommes se sont toujours préoccupés de vivre moins malheureux et plus heureux. Pour eux, « la recherche du bonheur est l’un des traits les plus distinctifs de la culture nord-américaine » (p. 13). Faire des recherches sur le bonheur et enseigner les résultats c’est faire le jeu de « la société capitaliste néo-libérale ». Faire croire que le bonheur des peuples est une chose essentielle « c’est la stratégie de Pinochet au Chili, suivi de Cameron au Royaume-Uni et de Sarkosy en France » (sic, p. 53).N’étant pas à une contradiction près, les auteurs affirment que les recherches sur le bonheur — notamment l’analyse des « Big Data » —n’ont « quasi rien appris » (p. 59), mais affirment un peu plus loin que ces analyses permettent aux grandes entreprises « d’exercer une influence non seulement sur les aspects les plus courants des existences individuelles, mais aussi sur les modèles comportementaux les plus généralisés ».La « psychologie positive » est la cible privilégiée. Les auteurs affirment que ce courant « a insufflé de l’oxygène à une discipline, la psychologie, chroniquement incapable de trouver son objet d’étude » (sic, p. 41). Pour eux ce courant est « une industrie mondiale pesant des milliards ». Sans fournir leurs sources, ils affirment que le Centre de psychologie positive de l’université de Pennsylvanie a reçu « des sommes énormes » de « personnages ultra-conservateurs », de multinationales (notamment Coca-Cola) et des Émirats arabes. La psychologie positive serait « une sorte de pornographie émotionnelle » (p. 12s).Pour eux, les procédures qui aident les personnes — en particulier les travailleurs — à mieux gérer leurs émotions ne font rien d’autre que le jeu des patrons : elles façonnent « le citoyen néolibéral idéal » et produisent des « happycondriaques ».Un défaut majeur de l’ouvrage est que la psychologie positive est présentée comme une doctrine unifiée. En réalité c’est l’étude, en principe scientifique, de ce qui permet de vivre plus heureux, et le résultat actuel est loin d’être une conception totalement unifiée. L’autre grand reproche aux auteurs est qu’ils publient un ouvrage de 270 pages pour exposer quelques idées qui peuvent tenir dans un article. Sur ces idées, il existait d’ailleurs déjà un bon nombre d’articles parfaitement redondants.
L'opposition entre libéral et libertaire date de Joseph Déjacque, l'opposition entre le mouvement Anarchiste Socialiste et Anarchisme Individualisme des années 1900-1930, avec Luigi Galleani, par exemple. Les auteur.es ont raison de les poser, et c'est la force du livre. Par contre les mauvaises questions mènent à de mauvaises réponses. Et c'est la limite de ce livre. Si ce livre n'opposait que psychologie "classique" et psychologie "positive", il semblerait pertinent, seulement les lampes de poches le sont rarement et cela est sa faiblesse. Je suis Happiness Manager, et j'ai conscience que cela est insuffisant pour une majorité de la population... En toute franchise, nous y travaillons déjà . Comment dépasser la vague ? Via une autre plus sociale...
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